Actualités

Rémy E., Roux D., Eric Arnould, Søren Askegaard, Anthony Beudaert, Anthony Galluzzo, Jean-Luc Giannelloni, and Gilles Marion (2023), Look up! Cinq propositions de recherche pour repenser le marketing dans une société post-croissance, Recherche et Applications en Marketing, https://doi.org/10.1177/07673701231220996

En se concentrant sur la capacité du marketing à participer au réchauffement climatique, à l’érosion de la biodiversité ou aux tensions sur les ressources naturelles, cet article aborde des préoccupations fondamentales. Malgré l’urgence et l’importance de ces problématiques, notre discipline, semble tarder à reconnaître pleinement que les activités humaines sont responsables de conséquences à l’échelle géologique, au point où l’on évoque l’avènement d’une nouvelle période, l’Anthropocène et à en prendre la réelle mesure. Cette réticence peut être attribuée, du moins en partie, aux présupposés implicites du marketing durable qui tendent à minimiser l’ampleur des changements de paradigme nécessaires pour rester dans l’espoir d’une planète habitable. Par conséquent, les approches dominantes en matière de « marketing durable » peinent à remettre en question les principes fondamentaux et les fondements idéologiques du système de marché. C’est pourquoi nous plaidons pour des changements radicaux dans la recherche en marketing afin d’envisager un avenir véritablement soutenable. Nous formulons cinq propositions dans le but d’inviter à de profondes transformations de la discipline.

Bailly A., Borel S. et Roux D. (2022), Les plateformes d’échange pair à pair comme réseaux. Professionnalisation des usagers et nouvelles formes de concurrence, 48/307, 41-70.

Arnould A., Askegaard S., Marchais D., Roux D. and Schill M. (2021), Réflexions sur les signes de vie et la vie des signes : la bio-sémiotique et la CCT, Journées de Recherche Normandes sur la Consommation, 18-19 novembre, Rouen.

Arnould A., Askegaard S., Marchais D., Roux D. and Schill M. (2021), 1.3 Special Session: Biosociality in Consumer Research, 2021 Virtual ACR Conference.

Martel E. et Roux D. (2020), Pour, contre et avec le client. Une approche théorique de la résistance du personnel en contact, 292 (7), 97 -119.

Cette recherche analyse la résistance des personnels en contact dans trois organisations dont les logiques gestionnaires ont profondément transformé les cultures organisationnelles. Elle théorise la relation de service dans un double rapport, de travail et de service, en tension. Une étude qualitative menée auprès de 19 salariés/fonctionnaires révèle trois modes de résistance : pour, contre et avec le client. Des recommandations managériales sont formulées ensuite pour tenir compte des effets produits par ces résistances.

Roux, D. and Belk, R. (2020), Theorizing Relational Work in the Collaborative Economy: An Application to Peer-To-Peer Renting, 2020 Virtual ACR Conference.

Publication : Roux D. (2020), Entre ici et ailleurs : expressions consommatoires des utopies du corps, in Utopies et consommation, O. Badot et Ph. Moati (eds), EMS, pp. 179-191.

Publication : Elodie JUGE, Isabelle COLLIN-LACHAUD et Dominique ROUX (2019), Extension du domaine de l’entrepreneurialité dans la pratique du vide-dressing, 45 (284), 31-49.

24 décembre 2019 – Interview dans l‘émisssion « Les Grandes Gueules » sur RMC : Cadeaux d’occasion : radin ou écolo ?

23 décembre 2019 – Interview pour 20 minutes : Cadeaux de Noël d’occasion : Les Français ont le cœur sur la seconde main

21 décembre 2019 – Interview dans L’Express : Cadeaux de Noël: les produits de seconde main, stars sous les sapins

18 décembre 2019 – Interview dans Les Echos Start – Plus écolo et économique, le cadeau d’occasion s’impose sous le sapin

10 octobre 2019 – Interview pour La Croix L’Hebdo : Acheter sur Amazon, on arrête ?

Retrouvez le texte ici : La CROIX 10/10/2019

2 octobre 2019 – Interview pour 20 Minutes : L’obsolescence programmée existe-t-elle vraiment ?

21 août 2019, Roux D. (2019), Tatouages : les différentes manières d’habiter en soi, The Conversation

Le tatouage, une façon singulière d’investir l’espace du corps. Visual HuntAuthor provided

L’exposition d’une année et demie qui a été consacrée au tatouage au musée du Quai Branly (de mai 2014 à octobre 2015) a jeté une lumière nouvelle sur le sens et l’histoire ancestrale du tatouage. Notamment, elle montre que cette pratique possède un sens communautaire central dans les sociétés coutumières, où elle permet d’exprimer symboliquement et figurativement l’appartenance des individus à leur groupe, alors qu’elle reste marquée du sceau de l’infamie dans les sociétés occidentales. Originellement en effet, il faut en rechercher la cause dans les trois religions du Livre qui toutes proscrivent les altérations du corps qui auraient pour effet de critiquer l’œuvre divine

Au cours de l’histoire occidentale, le tatouage a donc été associé à la déviance et réservé aux individus en marge – parias, esclaves et prisonniers –, soulignant le caractère dégradant de son usage subi. Paradoxalement, c’est au XIXe siècle que la conquête des contrées lointaines a développé une fascination pour les cultures exotiques et un engouement pour le tatouage comme forme de distinction, notamment dans la haute société aristocratique. En parallèle, il est resté le langage partagé des sociétés secrètes, des groupes fermés ou des organisations criminelles – les marins, les bikers ou les yakuzas japonais. Mais au final, l’histoire du tatouage rend saillante la dimension sociale de cette pratique, entre distinction et affiliation, punition et protestation, déviance et conformité, oscillant désormais entre excentricité plus ou moins reconnue et nouvelle mode de consommation.

Pour autant, l’histoire néglige une autre réalité. Les revendications contemporaines d’un droit d’user librement de son corps font de celui-ci un territoire personnel, délibérément et définitivement altéré, comme le montre notre étude auprès de 24 tatoueur·se·s et tatoué·e·s, co-écrite avec Russell Belk dans le Journal of Consumer Research.

Processus d’affirmation et d’appropriation instituant le corps pour soi-même, le tatouage prend alors un sens nouveau, en confrontant l’individu à son unique et ultime espace d’existence et aux manières de l’investir, et parfois même de le surinvestir, dans un incessant dialogue entre « ici » et « ailleurs ».

Le corps comme unique et ultime lieu d’existence

La société nous a habitués à avoir un corps, mais l’existence nous fait d’abord être corps. Cette réalité triviale ne conduit pas pour autant chacun·e à questionner quotidiennement sa condition d’être incarné·e, sauf lorsque le corps se rappelle à nous par la douleur ou par le plaisir. Mais être un corps ne consiste pas seulement à éprouver et appréhender le monde par et travers lui. C’est aussi habiter un espace qui ne peut ni se confondre avec celui d’un·e autre, ni se dédoubler en divers points simultanément. En suivant Michel Foucault dans son essai sur Le corps utopique, le corps est un lieu où l’individu est ici, irrémédiablement assigné, jamais ailleurs.

Michel Foucault, L’utopie du corps », conférence radiophonique diffusée le 21 décembre 1966 sur France Culture.

Cette dimension spatiale du corps est particulièrement perceptible dans la manière dont les tatoué·e·s gèrent leur espace corporel. En effet, le signe choisi y est rarement inscrit de manière arbitraire. Bien au contraire, cet emplacement révèle la résonance et la dimension symbolique qu’entretient ce point d’encrage avec la signification accordée au signe choisi. Ainsi, les tatouages sur la nuque ou le cou, zones fragiles qui matérialisent la jonction de la tête et du corps, peuvent porter des figurations en lien avec la mort, la sienne ou celle des autres. Le dos également est souvent le lieu où s’inscrivent les trahisons et les souvenirs douloureux, ceux que l’on met derrière soi et à distance, symbolisés par des signes d’envol ou d’élévation comme les aigles ou les papillons. Les jambes, les chevilles ou les pieds portent des objets ou des personnes qui matérialisent les racines et les bases de l’individu, comme cette pipe symbolisant la figure tutélaire du grand-père dans la vie de l’une de nos répondantes.

Sur le pied de Raphaëlle, une pipe pour symboliser un aïeul.

Les différentes zones tatouées dessinent ainsi une cosmologie personnelle qui met en valeur, pour les plus tatoué·e·s, le caractère partitionné du corps et la valence respective de chaque « territoire » – celui, gauche ou droite, de la famille ou des amis ; du passé, du présent, et du futur ; des expériences et des passions, etc.

Partitions du corps de Steeve selon les significations associées aux différentes zones corporelles.

La gestion spatiale du corps se donne aussi à voir de plus en plus lisiblement à mesure que les projets se multiplient. Ainsi, chez les plus engagé·e·s dans la pratique, les territoires se rejoignent progressivement pour faire paysage. Il s’agit de connecter et d’homogénéiser des motifs dispersés afin de créer une apparence corporelle et identitaire de plus en plus cohérente.

Mais le corps est aussi un espace limité et contraint. Les conventions sociales influant sur la gestion de l’apparence, certain·e·s évitent les tatouages sur les mains, le cou ou le visage, ce dernier étant le lieu privilégié de la reconnaissance par autrui. Les tatoueurs eux-mêmes reconnaissent être prudents en prémunissant leurs clients d’un « suicide social », une locution couramment utilisée pour signaler les risques encourus par des personnes qui opteraient pour des signes (trop) visibles alors qu’elles n’évoluent pas dans un environnement acculturé et ouvert au tatouage.

Au-delà de ce que la société permet de montrer ou invite à cacher, des considérations topographiques et techniques témoignent également des limites spatiales du corps. En effet, il faut suffisamment d’espace pour l’exécution correcte de certaines grosses pièces que seuls le dos, le flanc ou les cuisses peuvent accueillir. Lorsque la place commence à manquer, la planification minutieuse de l’espace restant devient essentielle et les tatoué·e·s disent prendre plus de temps pour réfléchir à un projet, à sa taille et à sa localisation. Les plus massivement tatoué·e·s cherchent également des solutions pratiques pour « libérer de l’espace ». Ces solutions consistent à recouvrir des tatouages existants par la technique du cover up (il ne s’agit pas d’un détatouage, mais d’un recouvrement par un motif plus large qui absorbe, en faisant disparaître ou non, le tatouage existant) ou même à déplacer des motifs sur un autre endroit du corps pour donner de la place à un projet de plus grande envergure.

Les figurations de l’ici et de l’ailleurs

C’est parce que le corps est ici, et nulle part ailleurs, qu’il est aussi la source et le siège des utopies. Les utopies sont des lieux sans lieux, popularisés par Thomas More sous la forme d’une société parfaite, alimentant le rêve d’une organisation sociale plus juste et plus égalitaire. Prolongeant cette perspective sous un angle anthropologique et ontologique, Foucault considère que les utopies du corps sont le fruit de notre rapport à cet espace incarné, à la fois unique et ultime lieu d’existence, et de nos rêves projetés vers le monde ou de ce dernier incorporé en nous. Comme le dévoilent les résultats de notre étude, les utopies du corps résultent du dialogue imaginaire qui s’instaure entre un « ici » et un « ailleurs », avec, comme pour toute utopie, la fonction de se penser autre et dans un univers idéal. Quatre formes d’utopies animent les discours des tatoué·e·s : les utopies d’embellissement ; les utopies d’évasion ; les utopies de conjuration ; et les utopies d’affirmation.

Les utopies d’embellissement

Sur le mode de l’amor fati nietzschéen (“Aime ton destin”), ces utopies visent à faire de sa vie, comme de son corps, une œuvre d’art. Dans son spectacle, l’Homme tatoué, Pascal Tourain dévoile le projet esthétique qui, à plus de quarante ans, l’a conduit à se tatouer entièrement (hormis les pieds et les mains), réinvestissant tardivement une enveloppe corporelle qu’il considère ne pas avoir choisie, mais qu’il s’est réappropriée par le tatouage. Son corps se présente aujourd’hui comme une fresque aux multiples références picturales, empruntant au baroque comme à l’univers des freaks ou à la bande dessinée et témoignant d’une composition esthétique élaborée.

Ces utopies d’embellissement sont à comprendre la plupart du temps comme une manière de se sentir (chez/en) soi, et souvent à rebours des codes sociaux qui valorisent le corps vierge reçu à la naissance, plutôt qu’un corps choisi. L’embellissement, paradoxalement, est parfois recherché dans un marquage massif du corps qui obéit à un désir d’en camoufler le volume ou inversement d’en cacher la maigreur, mais qui aboutit au fait de se sentir plus « sexy ». Ce réinvestissement est tel que de nombreux tatoués perdent le souvenir de leur apparence originelle, éprouvant même des sentiments d’angoisse ou d’étrangeté lorsque celle-ci se rappelle à leur conscience. Vivre sans ses tatouages serait alors vécu comme la perte d’un corps patiemment ré-élaboré et transformé pour effacer celui auquel on ne sentait pas appartenir.

Les utopies d’évasion

Cette deuxième forme d’utopie vise à projeter le corps dans un ailleurs, par toute forme de voyages qui mettent pour quelque temps l’« ici » en suspension. Il en est ainsi de celles et ceux qui se tatouent des souvenirs de certains lieux aimés ou visités, des coordonnées géographiques, des bateaux, des boussoles, des montgolfières ou des étoiles, mais aussi les symboles d’une ville ou d’un pays dans lesquels ils ont vécu ou rêveraient de vivre.

L’utopie du voyage et des lieux réels ou fantasmés.

Ces voyages peuvent avoir été réellement entrepris dans une vie passée, mais certains peuvent aussi être encore à l’état de projection, dans les limbes d’une vie rêvée qui reste à concrétiser.

Les utopies de conjuration

Ce sont dans doute les plus fréquentes. Contrairement aux utopies d’évasion, elles ont pour fonction de nier et d’échapper à une réalité vécue comme trop douloureuse. Par le tatouage, et au travers du signe choisi, il devient possible de conjurer le sort, le malheur, la maladie ou la mort des autres, et de s’extraire d’une situation pénible. On rencontre ces formes d’utopies sous la forme de portraits d’êtres disparus dont l’existence est prolongée à jamais au travers du visage reproduit.

Les utopies de conjuration : portrait d’un ami décédé.

On les décèle également dans diverses formes de talismans censés protéger l’individu et qui disent sa volonté de rompre avec un passé ou une situation à laquelle il/elle souhaite échapper – maladie, malchance, violences subies. Paradoxalement, le signe le plus banal ou le plus fréquemment reproduit dans les magazines peut cacher un lourd travail de conjuration. Car c’est d’abord dans l’intention et la signification accordées au motif que se situe le véritable sens et choix du tatouage. On ne saurait donc trop souligner à quel point le jugement social porté de l’extérieur peut méconnaître la véritable profondeur des motifs qui animent l’individu qui se tatoue.

Les utopies d’affirmation

Si les utopies d’embellissement cherchent à investir l’« ici » sous l’angle esthétique, les utopies d’affirmation disent plutôt que l’être n’est « pas ailleurs », mais bien présent au monde et souvent reconnaissable par ses combats. Le corps y devient alors l’espace d’expression et d’affirmation de soi sous le mode de la revendication, de l’inscription d’une croyance (comme celle que l’on nourrit dans l’amour de l’Autre) ou du message militant, par exemple dans l’illustration ci-dessous.

Graver ses convictions pour la cause animale.

Ces formes d’affirmation parient de fait sur le caractère inaltérable des sentiments et sur la fixité des êtres et des choses. Pour autant, leur caractère utopique est manifeste. En effet, en s’incarnant dans le prénom de l’être cher, le visage des enfants – qui déjà vieillissent – ou les affiliations claniques qui peuvent devenir encombrantes lorsqu’elles ont cessé, ces signes nourrissent l’illusion d’un temps immuable et d’une permanence des goûts et des sentiments qui alimente un nouveau marché du détatouage.

Pour autant, ces quatre formes d’utopies ne sont nullement exclusives les unes des autres et peuvent exister ensemble dans la vie des individus. Elles témoignent de la plasticité narrative de leur espace corporel, approprié au travers d’un geste figuratif hautement personnel et plus délibératif que ce que certains médias choisissent d’en montrer. Au final, le tatouage n’est donc pas qu’une pratique sociale. C’est aussi et d’abord une pratique spatiale qui fait du corps un lieu que l’on fait sien, dont on négocie les usages symboliques en y posant des frontières de sens et qui constitue, à la manière d’un palimpseste, une surface potentiellement ré-inscriptible. En cela, le tatouage mérite d’être compris dans le vaste éventail de techniques et d’emprises sur l’espace par lesquelles s’expriment les utopies humaines, visant à extraire l’individu de ses limites physiques comme à lui permettre de transcender sa finitude.

Publication : Roux D. and Belk R. (2019), The Body as (Another) Place: Producing Embodied Heterotopias through Tattooing, Journal of Consumer Research, 46 (3), 483–507. https://doi.org/10.1093/jcr/ucy081

23 septembre – Interview pour Xerfi Canal – Présentation de l’ouvrage « Michel Foucault et la consommation : gouverner et séduire » aux Editions EMS

5 juin 2019 – Interview pour le New York Times : France to End Disposal of $900 Million in Unsold Goods Each Year

30 mai 2019 – EMAC 48 th Annual Conference – Dominique ROUX, Marie SCHILL, Waste prevention in practice: Confronting public discourses about reusing, reducing, and recycling with consumers’ perceptions of wasting material possessions,

This research proposes a consumer perspective on waste prevention by examining how individuals cope with public discourses about reducing, reusing and recycling material possessions. We confront consumers’ sayings and doings with three objectives put forward by public authorities about waste prevention: raising awareness, improving material efficacy, and promoting sustainable consumption. A qualitative-based methodology with 25 participants shows that waste is mostly equated with destroying and non-using objects, much less with buying as its primary trigger. Consumers also highlight the difficulty to fully optimize the use of their products as well as the lack of channels to recirculate unwanted, unused or broken things. Finally, they show that objects tend to stagnate in the home, a reality that is inadequately captured by public authorities through waste collection and recycling systems.

17 mai 2019 – Congrès international de l’Association Française de Marketing – Laurent BUSCA, Jean-Philippe NAU, Dominique ROUX, GIT ALCOR (ALternative Consumption Research) – Penser les émergences dans la consommation : bilan, projets, perspectives.

Avec Eric Rémy : Lancement de la revue Les Carnets de la consommation

16 mai 2019 – Congrès international de l’Association Française de Marketing – Marine CAMBEFORT, Dominique ROUX, Elyette ROUX, Pratiques de l’espace et du territoire : une approche ethnographique des actions protestataires d’une ONG environnementaliste

Cette recherche a pour objectif de compléter l’approche spatiale des pratiques de résistance au marché en examinant la manière dont une ONG environnementaliste fait usage des lieux dans ses actions protestataires. Afin de répondre à cet objectif, une immersion ethnographique d’une durée de dix-neuf mois a été menée dans le groupe local d’une ONG internationale. Les résultats montrent un usage de deux types d’espaces (Certeau, 1990). Le premier usage (stratégique) revient à créer un territoire propre et « sûr » où se définit et se planifie la stratégie du groupe. Le second usage (tactique) consiste à s’ajuster à la configuration des lieux cibles « ennemis » lors des actions. Dès lors, un processus en trois étapes est observé : la reconnaissance préalable des lieux, la répétition durant laquelle le déroulement de l’action est récapitulé, et la réplication qui correspond à sa réalisation.  Les activistes doivent par ailleurs parfois composer avec des situations imprévues sources de problèmes, mais également d’opportunités.

15 mai 2019 – Congrès international de l’Association Française de Marketing – Dominique ROUX, Marie SCHILL, Destinée des objets : un autre regard sur le gaspillage

14 avril 2019 – Festival du film « Numérique & environnement » à l’auditorium de la Cité des sciences et de l’industrie – Table ronde : Quelle réponse à l’heure du jetable ? L’obsolescence dans tous ses états – organisé par Point de M.I.R, Maison de l’Informatique Responsable

14 décembre 2018 – Colloque « Durabilité et obsolescence programmée des produits de consommation »​, Faculté Jean Monnet de Sceaux

Intervention sur le thème  « Durée de vie et défaillance des biens de consommation : quelles perceptions et quelles réactions des consommateurs ? »

PROGRAMME

Publication : Roux D. et Gicquel Y. (2018), Michel Foucault et la consommation. Gouverner et séduire, EMS, Collection Versus.

Si Michel Foucault est l’un des plus grands philosophes du XXème siècle, et aussi le plus cité au monde, en quoi sa pensée peut-elle éclairer notre compréhension de la consommation à laquelle il n’a apporté aucun éclairage direct ? Alors que son œuvre fait l’objet d’interprétations et d’usages multiples dans une grande variété de domaines – psychiatrie, sociologie, littérature, sciences politiques, éducation –, comment Michel Foucault peut-il nous aider à questionner la consommation, ses évolutions et son encadrement par le marketing ou la gestion ?

Voici les questions posées dans cet ouvrage où le lecteur, familier ou non de la pensée de Michel Foucault, trouvera de nombreuses voies de réflexions. Organisées autour de sept chapitres, celles-ci abordent soit des outils et méthodes (l’approche historique, la production discursive et le rôle des dispositifs), soit des concepts (la gouvernementalité, la discipline, la résistance, les hétérotopies, etc.) développés par Michel Foucault et appliqués à des cas concrets et d’actualité (la pauvreté, le sida, le glanage, Internet, etc.). L’ouvrage s’adresse donc aux praticiens, aux étudiants et aux chercheurs intéressés par une mise en perspective de la pensée de Michel Foucault dans l’appréhension de problématiques contemporaines de la consommation.

Publication : Roux D. et Izberk-Bilgin E. (2018), Consumer Resistance and Power Relationships in the Marketplace, Chap. 13, in Consumer Culture Theory, Eric J. Arnould and Craig J. Thompson (eds.), London, Sage, pp. 295-317.

Introduction

The term ‘consumer resistance’ sometimes has been used interchangeably with anti-consumption and broadly applied to encompass a variety of consumer practices from voluntary simplicity, culture jamming, to boycotts. Simply put, to resist means standing up against what is perceived as a power, a pressure, an influence, or any attempt to act upon one’s conduct. In the marketing literature, Peñaloza and Price (1993: 123) seminally used this construct to describe ‘the way individuals and groups practice a strategy of appropriation in response to structures of domination’. The first noteworthy thing about this seminal definition is that resistance involves action, not only thought or intention. Second, it alludes to many conventional marketing practices such as market studies, advertising, sales techniques, shop fitting, loyalty programs, etc. that may be perceived as operations of power. For example, using pleasant scents in a store to prompt consumers to buy more is one of the many marketing techniques individuals may perceive as influencing their behavior. When consumers come to regard those practices as manipulative, exploitive, or restrictive, the basis for resistance to power is created. Hence, power is central to understanding resistance, which is the outcome of power. We further explore the resistance/power dynamic in the next section.

In the marketplace, power can be exerted on individuals or groups through discourses. For example, corporations and industry organizations have the resources and the marketing expertise to create marketplace myths (e.g., advertising that using deodorant liberates one from the shame of unpleasant underarm odor) to serve their financial interests. Consider the infant food advocacy campaigns of the 1960s–-70s backed by industry leaders including Nestlée. These campaigns promoted formula as more nutritious than breast milk and hence their adopters as ‘good’ mothers. In portraying breast feeding as a nuisance to the modern woman and riding the coattails of the feminist movement back then, pro-formula marketplace myths played an influential role in consumers’ early adoption of breast milk substitutes. However, as a perfect example of the power/resistance dynamic, these discourses subsequently triggered a counterculture reaction. This led to the 1980’s breastfeeding movement as well as the proliferation of non-profit breast milk banks and today’s popular online platforms for mom-to-mom breast milk exchange. As seen in this case, marketplace discourses can impose norms, prescribe certain behaviors, and convey ideologies that are resisted. In turn, resistance can be transformative, creating change in marketplace discourses, practices, and power relationships.

Additionally, power can also be exercised through material arrangements, techniques, and marketing tools that are variously dedicated to surveillance, categorization, and broadly speaking, to the government of people’s lives. For example, many companies utilize information, assessing economic significance of consumers’ search engine histories and digital data to pinpoint not only what the consumer needs, but also his/her location, friends, and other personal details. Based on this information, marketers can send digital coupons, make product or service recommendations, and post stalker ads – those ads that follow the consumer wherever he goes online – on the websites that the consumer is browsing.

Overall, consumer reactions to such marketplace discourses or tactics are likely to result in multiple actions such as opposing, thwarting, escaping or circumventing marketing techniques and powers, i.e. resisting. Consumer resistance may be expressed individually or collectively, in an audible or silent way, by fighting certain powerful market players and/or by (re)creating alternative ways of producing, provisioning, and consuming. In addition to being consumers, individuals perform many roles in society as citizens, workers, producers and family members. As such, they take issue with the economic, social, cultural, and ethical dimensions of both the consumption and production of goods and services. Hence, consumer resistance is fundamentally political in the sense that it has to do with how people envision to behave, to consume, and to define what is good versus bad for them, their families, their countries, or the planet. Since the dawning of modern consumer culture in the post-World War II era, journalists, politicians, and social scientists have argued that consumers are passive puppets of advertising and other modes of marketing control. More recently, business leaders and marketing academics have portrayed consumers as compliant co-producers. In other words, consumers were seen as using brands to facilitate their own identity projects and, in the process, helping companies promote their brands (Holt 2002). However, we believe that today’s consumers are better characterized as cultural entrepreneurs, who critically and creatively observe, reform, and transform markets, and in so doing, challenge the status quo. However, consumer resistance is by no means something new; questioning and resisting power are as old as human history. Therefore, consumer resistance is an exemplary case and an interesting construct to highlight what sustains a continuous change in the markets. This construct is thus highly critical to consumer researchers and marketing practitioners interested in market dynamics. Understanding consumer resistance bears significant implications for companies, consumers, and policy- makers given that consumers’ active participation in reshaping markets redefines not only companies’ future strategies, but also the regulations and the scope of political action.

Getting the book

Publication : Roques P. et Roux D. (2018), Consommation d’énergie et théorie des pratiques : vers des pistes d’action pour la transition énergétique, Décisions Marketing, 90 (avril-juin), 35-54.

Dans un contexte d’incitation à la réduction énergétique, quels sont les leviers d’action sur les comportements de consommation des individus, au-delà des valeurs qu’ils associent à la maîtrise de leur consommation ? Sur la base d’une étude qualitative menée avec 40 répondants d’un même complexe locatif réhabilité, cette recherche mobilise la théorie des pratiques appliquée au contexte de la consommation énergétique. Après avoir présenté et discuté ce cadre d’analyse peu usité en marketing, elle propose une typologie de profils. Ceux-ci intègrent à la fois les savoir-faire, les routines et les significations attachées à un ensemble d’activités consommatrices d’énergie, mais aussi le système d’équipement incorporé au logement et les incitations/prescriptions qui ont accompagné le programme de réhabilitation énergétique. Les résultats enrichissent les approches comportementales par la prise en compte de l’environnement socio-technique des individus et fournissent une série de recommandations utiles aux bailleurs sociaux comme aux organisations publiques ou marchandes engagées dans ces problématiques.

Publication : Roux D., Guillard V. and Blanchet V. (2017), Of counter-spaces of provisioning: Reframing the sidewalk as a parasite heterotopia, Marketing Theory, 18 (2) 218–233.

This article considers the concept of heterotopia in the context of public space. Based on the observations and interviews with 19 disposers and/or gleaners operating on bulky item collection days, it shows that the sidewalk is (1) a liminal space for unwanted objects that are in transition between disposal and destruction or reappropriation; (2) a regularly practiced space, the meaning of which is redefined by disposers (for depositing) and gleaners (for provisioning); (3) a place of illusion that mirrors the profusion of goods produced by the linear economy; and (4) a space of compensation for the pitfalls of the consumer society. These findings provide a theoretical basis for the new concept of parasite heterotopia, a term that refers to a space that is appropriated by a tactical use of a regulated place, which both reflects and contests a dominant ordering on its own territory. The article adds to previous literature on heterotopias and sustainability by questioning how this “time–space” is involved in the dialectics of capitalism and criticism.

16 mai 2018 – Communication : Dominique Roux et Marie Schill, « Stagnations, mutations et mobilités des objets dans l’univers domestique : une analyse des pratiques de gaspillage d’objets », 34ème Colloque International de l’Association Française du Marketing, Strasbourg.

Alors que la littérature sur le gaspillage alimentaire analyse pourquoi les gens jettent de la nourriture, peu est dit sur ce que recouvre le gaspillage d’objets. Prenant appui sur la théorie des pratiques, cette recherche s’intéresse à la manière dont les objets entrent, s’installent, stagnent et mutent dans l’univers domestique. Sur la base d’une série d’entretiens complétés par des observations photographiées ou filmées auprès de 22 répondants, elle montre que le gaspillage d’objets est enchevêtré dans des pratiques ordinaires, ne découle pas seulement du fait de les jeter et se révèle aussi au travers d’acquisitions multiples et de changements de modes de vie entraînant l’abandon de certains objets. Les résultats montrent également que ces comportements ne sont pas toujours le fait des individus, mais d’un environnement socio-normatif et technologique sur lequel ils n’ont pas prise. Nous discutons enfin les contributions théoriques et les implications qui en découlent pour les acteurs publics.

Remerciements : Les auteurs remercient l’ADEME pour le financement du projet consci-gaspi au sein duquel cette recherche a été réalisée et y associer les étudiants du Master 2 Marketing et Distribution de Reims (Marie Bens, Marie-Patrick Brehe, Cécile Chesnel, Thomas Daumont, Marie-Michèle Egou, Johanna Legros, Sofiane Omejec, Sabrina Philippekin, Anne-Sophie Robert, Margot Tison, Bastian Wiegmann) et du Master 2 Marketing et Distribution de Troyes (Youssef Bizougarn, Selma Chaoui, Nisrine El Khalifi et William Kouyate) pour le travail ethnographique et vidéographique qu’ils ont réalisé sur le gaspillage d’objets dans l’univers domestique.

3 mai 2018 – Débat organisé par le Centre de Sociologie des Organisations de Sciences Po autour de l’ouvrage La Consommation engagée, de Sophie Dubuisson-Quellier (Presses de Sciences Po), en présence de :

Brune Poirson, secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire
. Dominique Roux, professeur des Universités à l’Université Reims Champagne-Ardenne (URCA, Laboratoire REGARDS)
. Laëtitia Vasseur, co-fondatrice et déléguée générale de HOP (Halte à l’Obsolescence Programmée)
. Sophie Dubuisson-Quellier, sociologue, directrice de recherche et auteure de l’ouvrage.
Modération par Guillaume Duval, éditorialiste à Alternatives économiques et chroniqueur de l’émission « Entendez-vous l’éco » sur France Culture.                                                                                                                                                                        Plus d’information ici

2 mai 2018 – Intervention à la Chaire Prospective du commerce dans la société 4.0 de l’ESCP Europe – « Les problématiques éthiques dans le commerce 4.0″ :

Dominique Roux est Professeure à l’Université de Reims, elle est co-auteure de l’ouvrage « Protection des consommateurs : les nouveaux enjeux du consumérisme, EMS (2016)

Bruno Rebelle est est Président de l’association Planète Urgence, ancien Directeur Exécutif de l’organisation Greenpeace International.

Francois Attali est Directeur marketing stratégique de Terrena et Président de l’association Ferme France.

En présence de Michel-Edouard Leclerc (Président des Centres E.Leclerc et Président de la Chaire E.Leclerc/ESCP Europe) et du Professeur Olivier Badot (Directeur Scientifique de la Chaire E. Leclerc).

Les problématiques éthiques sont devenues des enjeux considérables dans le commerce 4.0. Le prochain Petit-Déjeuner aborde la question éthique au travers de la responsabilité sociale des entreprises. Le distributeur n’est plus uniquement un commerçant mais s’engage dans la société en tant qu’acteur économique, acteur « du « bien social ». Se pose la question de cette nouvelle responsabilité : comment s’inclure dans l’environnement culturel, politique et social ? Comment doit évoluer l’écosystème du distributeur ? Le Professeur Dominique Roux, Professeure à l’Université de Reims, co-auteure de l’ouvrage « (Dé)penser la consommation », introduira la séance en montrant, comment l’on passe d’une approche dyadique (entre une firme et des consommateurs) à une approche « en acteurs réseaux » où il s’agit de prendre en compte les attentes et les objectifs d’une multiplicité d’acteurs. François Attali, Président de l’association Ferme France, illustrera au travers de l’exemple de Ferme France, la mise en place d’une structure réseau, dans une démarche de transformation sociale. Bruno Rebelle, Directeur de Transitions, et ancien responsable de Greenpeace, abordera la question du point de vue de l’évolution des distributeurs et notamment leur rôle d’acteur dans la transformation sociale. Plus d’information sur le site de la Chaire

11 avril 2018 – Interview dans l’émission “Point Conso” sur « La résistance du consommateur », animée par Nabil Ghantous et Houda Bouchaib sur Oryx FM, chaîne francophone du Qatar, www.oryxradio.qa/ – L’émission peut être réécoutée ici

5 avril 2018 – Publication : Roux D. (2018), Morale, calcul  et consommation : parce que nous le valuons bien, in Ph. Moati (coord.), (Dé)penser la consommation. Peut-il y avoir une « bonne consommation » ?, Editions EMS, Collection Societing, 79-95.Publication : Lichtlé M.-C., Nabec L., Roux D. et Chevalier C. (2018), Légitimité des associations de consommateurs et vulnérabilité perçue de leurs publics : quels effets sur l’intention de confiance envers les acteurs consuméristes ? Recherche et Applications en Marketing, 33 (1), 56-77.

La confiance qu’accordent les individus aux associations de consommateurs pour protéger leurs intérêts face aux acteurs marchands est au cœur de la mission consumériste. Il est donc important d’identifier les facteurs sur lesquels repose cette confiance. Les résultats d’une étude qualitative (51 répondants) et d’une étude quantitative (315 individus) montrent que l’intention d’accorder sa confiance à une association de consommateurs dépend du degré de légitimité cognitive, pragmatique et morale qui lui est reconnu. Par ailleurs, l’effet de la légitimité pragmatique sur l’intention de confiance varie selon la vulnérabilité perçue des individus face aux acteurs marchands. En revanche, la vulnérabilité perçue ne modère pas la relation entre la légitimité cognitive ou la légitimité morale et l’intention de confiance dans les associations : elle a une influence directe sur cette variable à expliquer.

Voir la recension de l’article par Ouidade Sabri dans Le blog de l’association française du marketing

Publication : Roux D. (2017), L’insatisfaction client face aux pannes des produits, in B. Meyronin, M.-L. Jullien et Stephane Bourrier, Management de l’insatisfaction client. Transformer le pépin en pépite, Paris, Vuibert, p. 93-109.

La panne est un très gros motif d’insatisfaction des clients. Quand le produit est toujours sous garantie, qu’il s’agisse de la garantie légale ou commerciale, les choses devraient être simples : soit le produit est réparé, soit il est remplacé. Mais en pratique, elles ne le sont pas ! On observe que les parcours des clients confrontés à des pannes sont semés d’embûches. Ils éprouvent des difficultés à identifier le bon interlocuteur, le vendeur les renvoyant parfois vers le fabricant pour faire expertiser le produit et évaluer sa réparabilité. Ces procédures génèrent de l’attente dans laquelle la mise à disposition d’un matériel de remplacement est rare. Parfois, il leur est même difficile de faire appliquer la garantie légale, certains service clients n’hésitant pas à leur suggérer qu’ils auraient du souscrire une garantie commerciale alors même que la loi les protège. Les consommateurs se trouvent donc confrontés à un double manquement : un défaut de conformité du produit et une mauvaise gestion de la réclamation.

De plus, des pannes fréquentes ou intervenant avant la fin de la garantie légale tendent à leur faire penser que les entreprises font de l’obsolescence programmée. La question de l’obsolescence programmée demeure un fantasme (ils l’imaginent sans pouvoir en apporter la preuve). Néanmoins leurs suspicions ont deux conséquences importantes. En premier lieu, elles aboutissent à beaucoup de gaspillage car nombre d’entre eux se sentent impuissants à diagnostiquer la panne ou à la réparer. Au-delà de la question des compétences, le coût de la réparation, le problème de disponibilité des pièces détachées, l’identification d’un réparateur et les difficultés de transport de l’objet sont autant de freins à une prise en charge responsable des pannes. En second lieu, les pannes développent de nouvelles formes de coopération entre consommateurs via les sites de réparation qui font circuler de l’information sur la cause des pannes, aide les gens à lutter contre le gaspillage et surtout, met en visibilité les marques ou les produits à problème. Il y a donc matière à considérer cette question comme sérieuse dans la gestion de l’insatisfaction client.

Publication : Guillard V. et Roux D. (2017), Les glaneurs urbains : au-delà de la pauvreté, in E. Delacroix et H. Gorge, Marketing et pauvreté. Être pauvre dans la société de consommation, Cormelles le Royal, EMS, Collection Societing, p.203-226.

Introduction

Selon une étude du Centre d’Etude et de Recherche sur la Philanthropie, glaner des fruits et des légumes à la campagne et/ou en ville est loin d’être un phénomène isolé (Chris, Nicolaï et Riffaut, 2009). Une autre étude (Obsoco, 2013) montre également que 40% des personnes interrogées déclarent avoir glané un objet dans la rue au cours des douze derniers mois. Ces deux constats sur l’augmentation de la pratique du glanage urbain et rural interrogent : qu’est-ce qui conduit à ramasser les restes d’autrui, à récupérer les rebuts de la société de consommation ?

Glaneurs des marchés, des champs, de la rue, des poubelles ; glaneurs alimentaires et/ou d’objets ; les profils des glaneurs, les lieux de la pratique, ses formes se diversifient au point de réactualiser ce droit d’usage, un peu tombé en désuétude depuis les années 60 (Varda, 2000).

A l’origine, le glanage était une pratique individuelle ou familiale consistant à ramasser les épis de blé restés sur le champ après le passage des moissonneurs. Le contexte de crise économique a renforcé la pratique du glanage alimentaire pour les populations en situation de pauvreté et de précarité. Glaner permet de se nourrir à moindre frais voire de se nourrir tout simplement. C’est donc souvent un mode de survie pour ces populations. Pour autant, cette contrainte n’exclut pas qu’elles aient des aspirations à s’élever socialement en consommant (Lazarus, 2006). Dépenser de l’argent au quotidien est en effet un moyen d’affiliation à la société de consommation (Gorge, 2014). Glaner se révèle, dans ce cas, une pratique subie.

Curieusement, les populations en situation de pauvreté ne sont plus les seules à glaner. D’autres populations s’y adonnent pour des raisons autres que vitales : retour à la nature, approvisionnement gratuit, signe d’un engagement moral, sociétal ou encore résistance à la société de consommation et à son corollaire, le gaspillage (Roux, 2007). Glaner est alors, dans ce cas, une pratique choisie. Signe d’une véritable nécessité ou philosophie de vie, le glanage se transforme dans un contexte de crises multiples : il change le rapport aux aliments, aux objets, à la nature, à la gratuité, au partage, à l’environnement, aux autres et à la société de consommation.

Or, qu’elle soit nécessaire ou militante, la pratique du glanage ne « va pas de soi » (Guillard et Roux, 2014). C’est une pratique stigmatisante : celui qui s’y adonne prend le risque d’être socialement disqualifié (Paugam, 1991), risque qui se manifeste avec plus d’acuité chez des populations dont la situation de pauvreté génère de la honte (De Gaulejac, 1989). Ainsi, comment les populations composent-elles avec ces représentations pour ramasser les restes abandonnés par la société (de consommation) ?

L’objectif de ce chapitre est d’expliquer ce que révèle la recrudescence de cette pratique ancestrale à laquelle s’adonnent de plus en plus de personnes aux profils variés. Qu’est-ce qui conduit des populations qui ne sont pas en situation de pauvreté à glaner ? Les glaneurs induisent un brouillage temporaire des frontières entre deux groupes sociaux aux pratiques étanches : ceux qui, traditionnellement, sont en situation de pauvreté et ramassent de la nourriture ou des objets par nécessité, et les « néo-glaneurs » qui s’adonnent à cette pratique sans contrainte économique particulière. Cette porosité temporaire des frontières interroge : pouvons-nous aller jusqu’à dire, comme l’analyse Lazarus (2006, p.151), que la pratique du glanage « dessine en creux la figure idéalisée du pauvre au mode de vie chiche mais authentique, nouveau symbole de la résistance à l’uniformisation destructrice des valeurs morales » ? 

Ce chapitre est structuré en trois parties. Les deux premières illustrent et analysent les glissements qui ont fait évoluer la pratique. La première montre l’évolution du glanage rural au glanage citadin. La deuxième analyse le passage du glanage alimentaire vers celui des objets. L’analyse de ces glissements permettra dans une dernière partie de s’interroger sur le changement de regard qui semble se dessiner en creux sur cette pratique et ceux qui s’y adonnent…

Publication : Odou Ph., Roberts G. et Roux D. (2017), Co-producing cyber protest: Mesomobilization in the digital age, Consumption, Markets and Culture, 21 (1), 42-64.

This article examines how mesomobilization deploys on the web to foster online resistance. We focus on a particular cyber protest targeting a governmental campaign against illegal downloading and show how webzines, as meso-level actors, managed to turn their readers’ comments into appealing frames around cultural legitimacy, Internet freedom, and morality. In this instance, web users initiated the diagnostic framing and provided webzines with motives to launch a call to arms.  This took the form of parody that produced a disruption and a set of grievances against the official campaign. Our fieldwork reveals the existence of online dormant networks – pre-existing fluid cultural groups sharing common interests – that meso-level actors readily mobilize when a crisis arises. Our study extends our understanding of consumer resistance by highlighting the dynamics of online networks in organizing overt protest and political challenge.

Publication : Briat E., Loisel J.-P. et Roux D. (2017), La consommation collaborative : substitut ou complément  de l’action consumériste, associative et publique ?, in A. Decrop (coord.), La consommation collaborative. Enjeux et défis de la nouvelle société du partage, Louvain-la-Neuve, DeBoeck, 291-317.

La consommation collaborative représente un « nouveau » mode d’accès aux biens, aux services et plus largement à des ressources (temps, argent, information) partagées ou échangées entre particuliers, notamment via des plateformes (Benavent, 2016). Du fait de l’originalité de ses principes, le premier d’entre eux étant de transformer des individus qui ne se connaissent pas en coéchangistes, et malgré les promesses de convivialité, de partage, d’accès, de durabilité et parfois même de gratuité qu’elle charrie dans son sillage (Bostman et Rogers, 2011), la consommation collaborative questionne le rôle de trois catégories d’acteurs – les associations de consommateurs,  plus largement le mouvement associatif dans son versant caritatif notamment, et la puissance publique – dont elle bouscule les rôles. Traditionnellement investis dans leurs missions respectives, ces acteurs se trouvent en effet confrontés à ces nouvelles formes d’organisation qui semblent faire disparaître certaines asymétries entre le consommateur et les professionnels – du marché, comme de la politique –, sans qu’on sache précisément si ces initiatives ne recréent pas d’autres risques, d’autres inégalités, d’autres fragilités. Intermédiant des échanges directs entre les usagers et leur fournissant des solutions qui semblent pallier les dysfonctionnements de la sphère marchande ou de l’action publique, ces nouveaux acteurs obligent de facto les associations de consommateurs, et plus largement le monde associatif, mais aussi les décideurs publics, à repenser leur utilité et leurs modes d’action.

L’objectif de ce chapitre est d’explorer les reconfigurations que la consommation collaborative impose à ces trois types d’acteurs dont les modalités d’intervention, voire dans certains cas les conditions de pérennité, nécessitent d’être réexaminées. Concernant les associations de consommateurs, on interrogera les effets et les limites de ces nouvelles formes d’échanges sur la protection des individus. Sont-ils plus ou mieux avertis des dangers relatifs à leurs transactions ? Se trouvent-ils davantage armés, en cas de litiges, lesquels, autant qu’avec des professionnels, sont susceptibles de naître entre particuliers ? Quelles sont les formes de réponse ou de complémentarité que le mouvement consumériste doit s’attacher à repenser face à ces nouvelles formes d’échanges ? Pour ce qui concerne le monde associatif, on se demandera dans quelle mesure la consommation collaborative dynamise ou concurrence des activités historiquement fondées sur la solidarité, la réciprocité (Polanyi, 1944/1983) et la mise en œuvre d’un projet social parfois palliatif du marché et/ou de l’action publique. On questionnera également l’échelle – locale ou globale – à laquelle opère ce type d’initiatives. Finalement, abordant plus particulièrement le rôle de l’action publique, on évaluera les bénéfices différentiels qu’elle procure aux populations selon leur situation, leur configuration spatiale et les contextes sociopolitiques. Alors que la dimension participative de ces nouveaux contextes d’échanges est souvent présentée comme allant de soi, on réexaminera les paradoxes de la consommation collaborative, au-delà des seuls bénéfices mis en avant par ces « utopies » (Borel, Massé et Demailly, 2015). Au final, ce chapitre se propose d’examiner quelques enjeux et perspectives posés par ces nouvelles formes d’échanges en matière de protection des consommateurs, d’engagement associatif, de solidarité démocratique et d’égalité des territoires, peu examinés jusque là en raison des promesses que son essor a pu jusqu’ici contribuer à voiler.

Publication : Borel S., Guillard V. et Roux D. (2017), Echanger entre étrangers : calcul ou partage ?, in A. Decrop (coord.), La consommation collaborative. Enjeux et défis de la nouvelle société du partage, Louvain-la-Neuve, DeBoeck, 85-108.

Au-delà de la diversité des pratiques comprises dans le périmètre de la consommation collaborative – achat/vente, troc, prêt gratuit ou payant, mutualisation des biens matériels et fourniture de services entre particuliers –, une constante semble se dessiner : celle de l’échange horizontal entre individus qui rarement se connaissent, mais dont les plateformes assurent l’intermédiation (Borel, Massé et Demailly, 2015). Pour autant, comme le font remarquer ces auteurs, une des grandes tensions de l’économie collaborative réside dans l’alternative entre logique marchande et logique non marchande au sein de ces échanges. Alors que certaines plateformes cherchent à engager des non-professionnels dans la monétisation de leurs ressources, les pliant ainsi aux usages du commerce conventionnel, d’autres militent pour une « lucrativité limitée » (Acquier, Carbone et Massé, 2016) et une forme de solidarité à double face : « une face réciprocitaire » qui créerait du « lien social volontaire entre citoyens libres et égaux » ; et une « face redistributive » qui viendrait « corriger les « inégalités » en permettant à certains d’offrir à d’autres, sans contrepartie, des ressources matérielles ou immatérielles  (Laville, 2003, p. 241).

C’est autour des tensions entre ces diverses réalités de la consommation collaborative et la manière dont elles sont vécues par les participants à ces échanges que ce chapitre entend apporter un éclairage. Plus précisément, il se propose d’examiner la manière dont les échanges se déroulent et dont les usagers des plateformes collaboratives font affaire[1] – qui choisissent-ils comme coéchangistes ? Selon quel(s) critère(s) ? Comment se présentent-ils eux-mêmes à l’autre selon l’objet ou la nature de la transaction ? Comment procèdent-ils concrètement pour échanger le bien ou le service ? Que retirent-ils de ces pratiques ?

[1] Les résultats présentés ici sont issus d’une étude qualitative réalisée pendant un an au sein du projet PICO (Les Pionniers du Collaboratif), financé par le Ministère de l’Environnement (programme MOVIDA) et la MAIF. Dans ce cadre, 68 entretiens ont été conduits auprès d’usagers de plateformes d’achat/vente (Le Bon Coin), de don (Recupe.net), de prêt (Kikakwa), de location (Place de la Loc), de réparation d’objets (commentréparer.com). L’analyse de ces socialités entre étrangers a été complétée par une observation menée en matière d’échanges de services via le biais des Accorderies et par des entretiens avec des Accordeurs. L’ensemble permet de rendre compte de la réalité des processus d’échange entre particuliers, de leur conformité aux modèles relationnels attendus dans les différentes activités qui les mettent en présence et des tensions qui les animent.

Vendredi 19 mai 2017 – Communication : Delacroix E., Guillard V., Johnson G. et Roux D. (2017), Au-delà du gaspillage alimentaire : une analyse des représentations du gaspillage non-alimentaire, 33ème Colloque International de l’Association Française du Marketing, Tours.

Monnot E. et Roux D. (2017), Pannes des produits et obsolescence subie : une approche par les compétences des consommateurs, 33ème Colloque International de l’Association Française du Marketing, Tours.

Session spéciale – Groupe d’Intérêt thématique (GIT) AFM – ALCOR (ALternative COnsumption Research)

  • Philippe Odou & Dominique Roux (Université de Reims Champagne-Ardenne)
  • Amina Bécheur (Université de Paris Est Marne La Vallée)
  • Alain Decrop (Université de Namur)
  • Baptiste Cléret (Université de Rouen)

Animation : Florent Boudot (Université de Reims Champagne-Ardenne et Université de Paris Ouest Nanterre La Défense

Vendredi 31 mars 2017 – Communication : Roux D., Guillard V. et Borel S. (2017), Processus d’échanges et formes de socialité sur les plateformes collaboratives : une analyse des échanges de biens matériels, 3ème Journée de Recherche en Marketing du Grand Est, Metz, 31 mars.

L’objectif de cet article est de comprendre quels processus s’engagent et quelles formes de relations se nouent entre usagers de quatre systèmes d’échanges collaboratifs (leboncoin.fr, Recupe.net, placedelaloc.com et kikakwa) qui vendent, donnent, louent ou prêtent leurs objets. L’analyse de 47 entretiens permet de proposer une structuration en cinq phases du processus d’échange – l’amorçage, l’anticipation, la concrétisation, la prestation et la reformulation –, ainsi que les mécanismes qui permettent la réussite de la rencontre. Les résultats montrent des similitudes dans la construction de la relation à l’autre, mais aussi une forte hybridité des types de socialité entre ces différentes formes d’échange.

Process of exchanges and forms of sociality on collaborative platforms: an analysis of the exchange of physical goods

The aim of this article is to understand what processes and what forms of relationships bring users of four collaborative exchange systems together (leboncoin.fr, Recupe.net, placeelaloc.com and kikakwa) when reselling, giving, renting or lending objects. The analysis of 47 interviews reveals five stages in the exchange process – initiation, anticipation, concretization, prestation, and reformulation – and the mechanisms by which the encounter succeeds. Our findings show similarities in the construction of the relationship to others, but also a strong hybridity of the types of sociality between these different forms of exchange.

Jeudi 23 janvier 2017 – Colloque l’ObSoCo – Dé-penser la consommation, 14h00 – 18h00 – ESCP-Paris

obsocoLa face sombre du modèle de consommation héritée du capitalisme industriel est de plus en plus visible. À l’insoutenabilité écologique s’ajoute la déception croissante des consommateurs : effets négatifs sur la santé, obsolescence programmée, sur-promesse du marketing, pouvoir économique de géants du numérique… Et plus généralement, le sentiment diffus que consommer toujours plus ne rend pas nécessairement plus heureux. Déjà près d’un Français sur deux aspire à consommer mieux, quitte pour certains à consommer moins. Les contributions à ce colloque viseront à rendre compte de cette évolution du rapport à la consommation, des manières dont évoluent en conséquence les comportements des consommateurs et des entreprises, et interrogeront la possibilité d’une « bonne  consommation ».

PROGRAMME

INSCRIPTION GRATUITE ET OBLIGATOIRE : pour tout renseignement  n.damery@lobsoco.com

Jeudi 23 juin 2016 // 9h00 – 17h00 – Sciences Po Paris

Le numérique est un puissant outil de transformation de nos sociétés et de nos économies. Le succès d’initiatives portées par des entreprises ou des associations – Blablacar, Leboncoin, FixMyStreet – a mis en lumière un des atouts de la « révolution » digitale : elle donne plus de pouvoir d’agir aux consommateurs, aux citoyens. Ce faisant, elle transforme nos modes de consommation, nos manières de nous déplacer, de financer l’activité économique, de participer à la vie publique.

Y-a-t-il pour autant un « développement durable 2.0 » ? Quelles sont les opportunités ouvertes par le numérique pour le développement durable ? Les risques sont nombreux, à commencer par la consommation de ressources et d’énergie liée au déploiement des technologies numériques. Les opportunités également, car ces technologies modifient nos usages et constituent un moteur de transformation dont la direction reste à déterminer.

Dans ce contexte, quel rôle les pouvoirs publics peuvent-ils jouer ? Peuvent-ils contribuer à faire converger innovation numérique et développement durable ? Comment les territoires « pionniers » se saisissent-ils de ces innovations 2.0 pour réinventer leurs missions de service public ? Quels sont les partenariats noués entre les villes, les États et les innovateurs du numérique ?

Chercheurs et experts sur le numérique et le développement durable, élus et représentants des pouvoirs publics, innovateurs et entreprises se rassembleront pour répondre à ces questions à partir des enjeux de l’économie circulaire, de la mobilité et de la gouvernance. Ces enjeux ont été traités par l’Iddri à travers trois projets, réalisés en partenariat avec différents acteurs, et dont les résultats seront rendus publics lors de cette conférence :

  • PICO-PIonniers du COllaboratif (avec ESCP-Europe, les universités Paris Dauphine, Paris Sud et Reims, Ouishare, Zero Waste France, Ministère de l’Environnement, MAIF);
  • Mobilité collaborative (avec Transdev, MAIF, Renault, Ouishare, ADEME, Région Île-de-France);
  • Crowdsourcing urbain, un projet du Club Ville  (PUCA, Vivapolis-IVD, ADEME, Vinci, CDC, Veolia, GRDF).

L’Iddri est également partenaire du réseau Transitions2, initié par la FING, en faveur d’une convergence des transitions numérique et écologique.

Télécharger le programme

20 mai 2016 – Communication : Nabec L. et Roux D. (2016), Se défendre face aux professionnels du marché : une analyse par la notion de compétence du consommateur, Actes du 32ème congrès de l’Association Française de Marketing, Lyon, 20 mai.

19 mai 2016 – Communication : Borel S., Guillard V. et Roux  D. (2016), Processus de cession d’objets sur internet : une analyse par la socialité des acteurs, Actes du 32ème congrès de l’Association Française de Marketing, Lyon, 19 mai.

17 mai 2016 – Communication : Roux D. (2016), La consommation collaborative, une consommation durable ?, Colloque du CGDD/INC, La consommation collaborative, un atout pour la transition énergétique et écologique ?, La Défense, 17 mai.

Ministère de l’Environnement, de l’Énergie et de la Mer
Salle R1A – Tour Sequoia – 92055 La Défense
(métro ligne 1 terminus La Défense ou RER A station La Défense Grande Arche)

4 avril 2016 – Communication : Guillard V. et Roux D. (2016), Une seconde vie pour les objets, Décideurs’Lab du programme MOVIDA (ADEME / MEDDE), Paris, 4 avril, DÉCIDEURS’LAB : LE COLLOQUE CONJOINT DES PROGRAMMES DÉCHETS & SOCIÉTÉ ET MOVIDA

Roux D. (2016), Obsolescence : ce qu’en disent les consommateurs, Décideurs’Lab du programme MOVIDA (ADEME / MEDDE), Paris, 4 avril, DOI: 10.13140/RG.2.1.4246.8724.

MOVIDA (ADEME / MEDDE)

Publication : Roux D. et Nabec L. (2016), Protection des consommateurs. Les nouveaux enjeux du consumérisme (EMS, Collection Versus)

Pourquoi s’intéresser à la protection des consommateurs aujourd’hui ?

Protection des consommateurs

    • Parce que « nous sommes tous des consommateurs ! », pourrait-on répondre. Oui, mais pas seulement. La consommation est aussi en perpétuelle mutation et nous n’avons de cesse de réinventer nos propres pratiques. « Le paradoxe du choix » qui caractérise les marchés matures met les consommateurs aux prises avec une multiplicité d’offres censées répondre à leurs besoins, mais dans lesquelles ils peinent à s’orienter. Le rythme des innovations, le développement des nouvelles technologies et l’ouverture des marchés complexifient les manières de consommer. De nouvelles attentes en matière sociale, environnementale et éthique conduisent les consommateurs eux-mêmes à bricoler et inventer des manières différentes d’échanger. Ces pratiques émergentes nécessitent une réinvention perpétuelle de la protection de leurs intérêts. Il s’agit de mieux les informer sur les caractéristiques de l’offre et de renforcer la défense de leurs droits en cas de litige. En découlent de nouveaux enjeux pour le consumérisme.
  • C’est à cette question de la protection des consommateurs que cet ouvrage s’attache à répondre en analysant, au travers de treize contributions, ses principaux enjeux sur le plan économique, juridique, sociologique, politique, managérial et sociétal : le rôle de l’État dans l’accès à la consommation, la mutation des modèles consommatoires et leurs conséquences juridiques, les modalités d’information des consommateurs, de même que les manières, parfois inventives, qu’ils ont de défendre leurs droits. Les différents chapitres esquissent tout au long de l’ouvrage des pistes de réflexion quant à la vulnérabilité ou aux capacités des consommateurs à s’informer et se défendre, mais aussi quant au rôle que jouent, dans ce domaine, les pouvoirs publics, les acteurs consuméristes historiques, ou les nouvelles parties prenantes. Nous espérons que le lecteur y trouvera matière à s’orienter pour sa compréhension des mutations du monde de la consommation et de la protection des consommateurs.

Coordonné par Dominique ROUX et Lydiane NABEC, cet ouvrage comprend les contributions de Florence ARNAUD, Hélène AUBRY, Maria José AZAR-BAUD, Éric BRIAT, Marie-Emmanuelle CHESSEL, Corinne CHEVALIER, Inès CHOUK, Nicolas DUPONT, Florence DURIEUX, Denis GUIOT, Lubomir LAMY, Nathalie LEMONNIER, Marie-Christine LICHTLÉ, Philippe MÉRIGOT, Philippe MOATI, Lydiane NABEC, Robert ROCHEFORT, Dominique ROUX et Thierry SPENCER.

1er février 2016 – Communication : Guillard V. et Roux D. (2016), La circulation d’objets entre étrangers dans l’espace public : quels enjeux ?, 3ème journée d’étude organisée dans le cadre de la démarche de prospective nationale de recherche urbaine (PNRU – CNRS), Économie politique et villes : Quelle place des villes dans la production et la circulation des richesses ?’ – Université Paris Diderot

28-29 janvier 2016 – Communication : Borel S., Guillard V. et Roux D. (2016), L’hybridation des mondes domestiques et marchands sur les plateformes d’achat-vente et de don en ligne, 2nd International Workshop on the Sharing Economy, ESCP Europe

21-23 janvier 2016 – Communication : Guillard V. et Roux D. (2016), Offrir un cadeau d’occasion : une analyse par la théorie des conventions, 15th International Marketing Trends Conference, Venice

Publication : Sitz L. et Roux D. (2015), Michel Foucault. Le souci du pouvoir

couverture_recto_1445528109In E. Rémy, Ph. Robert-Demontrond, Regards croisés sur la Consommation, Tome 2 – Des structures au retour de l’acteurEditions EMS, Collection Versus, 141-166.

« Disons le tout de suite, Michel Foucault est un auteur enthousiasmant. Trop peut-être. Son style, sa verve, la clarté de son propos permettent un travail de lecture agréable et stimulant, mais masquent beaucoup des subtilités et des méandres de sa pensée. De plus, comme de nombreux chercheurs de sa génération (Bourdieu, Deleuze, Kristeva), Foucault propose des analyses en perpétuel mouvement. Sans se contredire, il polit ses idées et précise sans cesse les notions qu’il mobilise. Foucault procède par remaniements successifs, revenant régulièrement sur les mêmes thèmes en déplaçant le regard.

Au cours des années 1960, il devient progressivement une figure centrale de la scène intellectuelle mondiale, aux côtés de ses contemporains Gilles Deleuze et Jacques Derrida, qui sont considérés comme les pères du poststructuralisme et des gender studies (Cusset, 2003). De l’œuvre de Michel Foucault émergent trois projets : un projet archéologique (entre 1960 et 1970) qui retrace la formation du savoir, sa dimension historique, contingente et le rôle qu’y jouent les « formations discursives » dans la construction des objets de connaissance (Naissance de la clinique – 1963 ; Les Mots et les Choses – 1966 ; L’Archéologie du savoir – 1969 ; L’Ordre du discours – 1971) ; un projet généalogique d’analytique du pouvoir et de l’objectivation (jusqu’aux années 1980) (Surveiller et Punir – 1975 ; Histoire de la sexualité, tome 1, La volonté de savoir – 1976 ; Sécurité, territoire, population – 1977 ; Le sujet et le pouvoir – 1982 ; Naissance de la biopolitique – 1978) ; un projet éthique du sujet (Histoire de la sexualité. Tome 2, L’usage des plaisirs, et tome 3, Le souci de soi – 1984 ; Le courage de la vérité – 1984). C’est principalement le deuxième temps, consacré au pouvoir et à la gouvernementalité des populations, qui a intéressé les chercheurs en marketing. Ceux-ci considèrent généralement les discours, techniques et dispositifs marketing comme les instruments d’un pouvoir exercé sur le consommateur (Marsden, 2001 ; Thompson, 2004 ; Denegri-Knott, 2004 ; Shankar, Cherrier et Canniford, 2006 ; Roux, 2007 ; Zwick et alii, 2008 ; Cherrier, 2009 ; Cova et Dalli, 2009 ; Moraes, Shaw et Carrigan, 2011). »

Lire la suite

28 août 2015 – Communication : Guillard V. et Roux D. (2015), What if ‘the poor’ aren’t who we think they are?: How urban gleaners redefine the idea of poverty, ESA 2015 (European Sociological Association), Prague

17 juillet 2015 – Publication : Guillard V. et Roux D. (2015), Nouvelles collaborations urbaines. Faire circuler des objets en ville, Revue Esprit, Le partage, une nouvelle économie ?, juillet, 40-53.

Le partage et l’échange sont associés aujourd’hui au numérique et à ses possibilités. Cependant, il existe de nombreuses pratiques de don, de circulation des objets, qui ne passent pas par l’internet et sont de plus en plus institutionnalisées, à travers des lieux (boutiques sans argent) et des événements (le « Grand Don »), remettant ainsi en question, à la marge, les habitudes de consommation et le rapport aux objets.

Sharing and exchanging today are often seen as digital phenomena. However, there exist other ways of giving, circulating objects, which bypass the internet and are institutionalized through places (give-away shops) and events (« Grand don »). These practices question our consumption habits and our relationship with objects.

18 juin 2015 – Communication : MOVIDA DECIDEURS’Lab : présentation du projet PICO (Les PIonniers du COllaboratif)

Le Bar à Bulles – 90 boulevard de Clichy 75018 Paris

29 Mai 2015 – Communication : Roux D. (2015), Research paradigms to study consumer resistance, Invited Session – Association Française du Marketing, EMAC 2015

24 Avril 2015 – Communication : Roux D. (2015), Infra-Ordinary Recirculation of Rubbish, A workshop on Collaborative Consumption, The Center for Research on Consumption & Leisure (CeRCLe) of the University of Namur (UNamur)

2 Avril 2015 – Communication : Roux D. (2015), Governing the consumer: How powerful are dispositifs of power? Power and Consumption research Seminar, with J. Fitchett, D. Roux, H. Vicdan, Mercur Lab, Lille2-SKEMA, Séminaire de Recherche MERCUR

1er avril 2015 – Communication : Roux D. (2015), Consommation collaborative et économie du don : la nouvelle vie des encombrants, Le Laboratoire LADYSS (UMR 7533) et l’Institut pour la Ville et le Commerce, cycle de séminaires sur « Commerce, Consommation et Territoire »

30 janvier 2015 – Communication : Roux D. (2015), Dispositifs of promise: How loyalty programs produce mundane consumer resistance, Laboratoire CERAG, Université de Grenoble – Influence and Resistance to Influence, with Darren Dahl, Emanuela Pandrelli,

12 décembre 2014 – Communication : Roux D., Actions de groupe : nouveau signe de la résistance des consommateurs, 34ème convention AMARC (Association pour le MAnagement de la Réclamation Client)

23 octobre 2014 – Communication : Roux D. (2014), Conférence « Pratiques collaboratives : quel rôle dans la transition écologique ? Sciences Po – Chaire Développement Durable

9 octobre 2014 – Communication : Roux D. (2014), I’m sorry but I don’t have a loyalty card »: A grammar of justifications for consumer resistance, Center for Research in Management (CRM), Université de Toulouse 1

6 mars 2014 – Colloque PICRI CRIC, Le consumérisme à l’heure des nouvelles formes de consommation :  risques, enjeux et perspectives ?, Ministère de l’Economie, CASC, 139 rue de Bercy Paris 12ème,

21 janvier 2014 – Communication : Consommations émergentes : la fin d’une société de consommation ? Colloque ObSoCo

25 octobre 2013 – Communication : Guillard D. et Roux D. (2013), De la pauvreté subie à l’excentricité choisie : le glanage comme révélateur des marges de la consommation

Colloque Pauvreté, précarité et consommation – Université Paris Est Créteil

Alors qu’une proportion non négligeable de Français (38 %) dit avoir récupéré des objets jetés ou déposés sur les trottoirs, cet article permet de mieux comprendre en quoi certaines pratiques de glanage choisi (versus de nécessité) d’objets les jours d’encombrants participent à révéler des formes de marginalité assumée plutôt que de pauvreté. Sur la base d’une étude qualitative menée auprès de 21 glaneurs et non-glaneurs, les résultats montrent que la pratique du glanage interroge d’abord le fait d’être pauvre (ou de se sentir pauvre) et nécessite de fournir des justifications pour s’autoriser à prendre des objets normalement collectés par les services municipaux. Ils dévoilent ensuite les critiques du système marchand sur lesquelles s’appuient les glaneurs, relatives i/ à la valeur, ii/ aux objets jetés, iii/ aux circuits d’approvisionnement conventionnels et iv/ à l’idée de pauvreté relue à l’aune d’un regard réflexif sur la consommation.

22 février 2013 – Atelier de la DGCCRF « Les modes alternatifs d’information du consommateur », Sous la présidence de Pascale HÉBEL, directrice du département Consommation du CREDOC et Dominique ROUX, professeur de sciences de gestion à l’Université Paris Sud

Accueil

Nathalie HOMOBONO, directrice générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes

Les nouveaux canaux d’information du consommateur : où et comment s’informe-t-il ? Selon quels critères ?

Quelles sont les évolutions de ses comportements de recherche ?

Comment le consommateur peut-il juger la qualité des nouvelles sources d’informations et quels enjeux en découlent ?

Quel rôle y jouent les comparateurs de prix ?

Quelles avancées ont été réalisées en matière de détection des faux avis en ligne ?

Avec la participation de :

Michel ASTRUC (médiateur, GDF SUEZ)

Christophe BENAVENT (professeur de sciences de gestion, Université Paris Ouest)

Sophie BRESNY (adjointe au directeur du Centre de surveillance du commerce électronique, DGCCRF)

Cédric MUSSO (directeur adjoint des Études et de la Communication, UFC-Que Choisir)

Programme et vidéo : http://www.economie.gouv.fr/dgccrf/atelier-dgccrf-modes-alternatifs-dinformation-consommateur

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